This is it. This is who I am.
Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais plus. J'ai été tellement de personnes, que mon esprit est confu, et qu'aujourd'hui encore, je me pose cette question. Qui suis-je ? Il y a tellement de réponses à cette question que je recent le besoin d'écrire, de me rassurer et de remettre mes pensées en ordre.
Soundtrack
Ever since I could remember,
Everything inside of me,
Just wanted to fit in.
Je suis
Eldir, le fidèle serviteur. Ce nom ne vous dit rien, car je n'étais rien. Ou presque. Serviteur de Ægir, Divinité Nordique, on ne cite mon nom que très rarement dans les écrits. Orphelin adopté par un Dieu, un peu par hasard. Je suis cet être presque anonyme, qui n'avait pas vraiment sa place dans le grand tableaux des divinités. Je ne devrais même pas être encore en vie pour vous relater cela. Je suis cet être, qui un jour, alors que je gérais avec un autre serviteur l'accueil des invités, à un repas organisé par Ægir, a tenu tête à Loki. Je me suis disputé avec lui, et c'est la seule raison pour laquelle mon prénom est cité dans quelques écrits. Loki a tué mon collègue Fimafeng, et de crainte de voir son second employé mourir sous ses yeux et le perdre, Ægir m'a donné l'immortalité, avant de m'envoyer seul en forêt, le temps de s'occuper de Loki, et de m'adapter à ma nouvelle condition. C'est la seule raison pour laquelle je suis encore en vie. Parce que Fimafeng est mort, et que moi, j'ai été préservé. Si j'avais été tué à la place de Fim, ce serait peut-être lui, qui vous parlerait en ce moment. Ma vie n'est qu'un hasard, au final. Je pourrais vour parler encore et encore de ma vie en tant que serviteur des Dieux, mais j'ai assez vite quitté mon emploi après cela. Ou du moins, j'ai élargis mes horizons, délaissant Ægir. Mes services, réputés efficaces et divers, commençaient à être réputés. J'étais ceux dont j'estimais la demande légitime. J'aidais ceux dans le besoin, ne demandant rien en retour, si ce n'était la reconnaissance.
Et c'est très certainement à ce moment là que j'ai commencé à perdre la tête... Alors que tout ce que je voulais à la base, c'était trouver ma place. Me sentir utile. J'avais ce besoin avide d'être reconnu, d'avoir toute cette attention dont l'absence de parents m'avait privé jusqu'alors. C'était fantastique, on sussurait mon nom, m'en affublait de nouveaux.
I was never one for pretenders,
Everything I tried to be,
Just wouldn't settle in.
Je suis devenu
Kenny. Kenny, un être fort, et déterminé. Un bel homme, pleins de prestance. J'étais tellement fier de mon statut, que j'en ai abusé. Comme un drogué, j'ai tout accepté, ce que l'on me proposait. Des ordres fous, des missions dingues. J'avais toujours besoin de plus, et quand on avait rien à me proposer, je cherchais toujours. J'aimais le jeu, le défi. J'en suis tombé amoureux, d'une vie pleine d'action. Je n'étais plus limité à servir des plats, à servir un seul Dieu ennuyeux, et qui se faisait vieux à force. Je jouissais d'une liberté factice et magique, qui me brulait les lèvres dans des sourires permanents. C'était les plus beaux moments de ma vie.
Parfois... Je les regrette encore.
J'ai découvert tellement de choses. Parmis elles, l'amour. Je suis tombé amoureux des dizaines de fois, des vingtaines, des trentaines... Le cœur léger, j'ai succombé à des regards, des mots, des caresses. Une vraie poupée. Une marionette prises dans ses propres fils. Avec l'amour, j'ai découvert la cruauté. Le revers de ses amants, qui la nuit souriaient dans mes draps, et le lendemain me lançaient des regards de dégoût, ou simplement du désintérêt. On a brisé mon cœur. Une fois, deux fois, trop de fois. J'en ai brisé aussi. Mais je m'en moquait, car j'étais trop égoïste pour m'arrêter à quelques larmes, tant qu'elles n'étaient pas les miennes.
On s'est tellement joué de moi à cette époque, que j'ai fini par me fermer totalement. Humilié, abusé, trompé, traité comme un déchet, un jouet cassé. Epuisé par les taches excessive que l'on me demandait, j'ai arrêté, pendant un temps. J'ai arrêté de courir de partout pour aider les autres, ne trouvant plus aucune saveur à cela, et en ayant marre de ne plus rien recevoir en retour.
Je me suis arrêté pendant une durée interminée. Je ne saurais même pas donner une estimation. Je me suis terré dans un coin, je me suis fait oublier. C'était mieux ainsi. J'ai regretté mon immortalité, je l'ai detesté, plus que tout, longuement. J'ai essayé de me laisser mourir, plusieurs fois, toujours vainement.
If I told you what I was,
Would you turn your back on me?
And if I seem dangerous,
Would you be scared?
I get the feeling just because,
Everything I touch isn't dark enough
If this problem lies in me.
Je me suis alors transformé en
Aliev. Un être discret, secret. Je me suis fait oublier, et les seuls fois où l'on continuait de me demander de l'aide, je refusais froidement. J'ai fait une longue dépression, pendant cette période. Dans la continuation de mes déboires amoureux, je refusais cette fois tout contact. Le Kenny fiêvreux et amoureux de l'amour c'était éteint. Je faisais de la peine à voir, c'était triste. J'étais pathétique, renfermé dans mon propre chagrin, me mettant à regretter mon emploi de serviteur initial, songeant grandement à y refaire ma place, sacrifiant tout ce que j'avais obtenu jusqu'alors, pourtant si factice. Je m'étais convaincu d'une pseudo grandeur et importance, et à présent j'ouvrais les yeux sur ma bêtise immense. Je n'étais rien. Aliev était une ombre, tapie dans son coin. Une ombre qui renfoulait une grande colère grondante, dans le fond de son cœur. J'avais cette rage au fond de moi, qui criait. Pourtant, je tachais de la faire taire, ayant peur de cette rage qui détruisait mon être. J'étais devenu laid et malsain. Mauvais. Au fond de moi, malgré mes efforts, je réalisais ce que j'étais devenu. Un monstre.
C'est cette réalisation qui m'a finalement libéré, ou du moins, qui a libéré ma rancoeur. J'étais un monstre. Je me devais d'agir tel quel.
I'm only a man with a candle to guide me,
I'm taking a stand to escape what's inside me.
A monster, a monster,
I've turned into a monster,
A monster, a monster,
And it keeps getting stronger.
Hunter est arrivé. Avec son visage dur, et son cœur de pierre. J'ai changé. J'ai accepté les pires taches que les gens voulaient encore me confier. Celle dont personne d'autre ne voulait se charger, gratuitement. Les pires. Je suis devenu un bourreau, un tortionnaire, un voleur, un
chasseur. Les personnes les plus malsaines du monde sussurait ce nom, qu'on m'avait attribué, un nouveau, en oubliant les anciens.
Hunter. Pire que de vrais monstres, les laches, avait affaire à moi. Ceux qui ont le cœur le plus sombre, mais le courage le plus faible. Ceux qui veulent encore pouvoir regarder leurs mains sans en voir le sang, les larmes des autres. J'ai détesté, et je déteste encore ces gens. Pourtant, je leur ai obéis. Parce qu'ils étaient les seuls à solliciter mon aide. Les seuls à encore m'appeler, m'admirer, même si c'était pour les pires actes. Même si c'était pour ternir mon image, pour détruire les vestiges d'un travail durement effectué, et avec une passion sans égale.
Adepte de la destruction, tant des autres que de moi-même, je suis devenu aussi répugnant que ceux à qui je venais à l'aide. Hunter, regnié par les êtres bons, les divinités que j'avais pu servir par le passé, voyant tout le monde lui tourner le dos. A monster... A hunter... Je suis devenu un as de la chasse, de la traque. Me téléportant derrière les personnes désireuses de fuir leur fardeau. Les surprenant. J'ai nourris le monstre au fond de moi, devenant un addict à la traque, tel un animal. Les proies, tout le monde pouvait devenir une proie à mes yeux, tant qu'elle était celle de quelqu'un d'autre, initialement...
C'est un jour, qu'une voix profonde et suave a appelé mon nom, que j'ai su que les choses allaient changer, peut-être. Il y avait une ouverture qui s'offrait à moi.
Can I clear my conscience,
If I'm different from the rest,
Do I have to run and hide ?
I never said that I want this,
This burden came to me,
And it's made it's home inside.
Elle avait le teint pâle comme la mort. Elle était belle, sublime, mais mauvaise. Effrayante. Magistrale. Je me suis perdu dans ses yeux sombres. Je suis tombé en amour pour cette beauté fatale, dans tou les sens du terme. J'aurais aimé qu'elle répète mon nom, encore encore. Hunter. Hunter, va chasser pour moi. Il sonnait si différement entre ses lèvres, c'était magique.
Je suis désolé, de te relater tout cela. Mais c'est la vérité. J'étais fou d'elle, fou de ses courbes. J'aurais aimé pouvoir toucher du bout des doigts chaque parcelle de son corps, d'éffleurer ses lèvres froides. Goûter son souffle glacé, rien qu'une fois. Ma plus grande frustration. Je sais que c'est dûr à lire, je sais. Mais tu n'imagines pas à quel point c'est pire, à écrire. Pourtant il faut que je continue, ma belle. Tu dois savoir. Tu dois tout savoir. Même cet amour malsain que j'ai pu porter à cette femme que tu détestes pourtant tant. Ne ferme pas les yeux là-dessus, toute vérité est bonne à savoir.
J'étais tellement amoureux d'elle, que ce n'est même pas pour toi que j'ai faillis à ma mission. Snow-White. L'histoire raconte que je t'ai épargné par pitié, par humanité. C'est faux. L'histoire se trompe, tellement. Ils ne savent pas que si je ne t'ai pas tué ce soir là, dans les bois, c'était simplement pour rallonger ma mission. Pour espérer qu'elle susurre encore une fois mon nom, qu'elle m'appelle encore à l'aide. Je n'aime pas cette image d'être stupide que l'on me donne dans ton histoire, Neige. Je passe pour le pauvre chasseur qui pensa bêtement duper la reine. C'est faux, bon sang ! Je voulais simplement passer un peu plus de temps à ses cotés... Je n'aurais pas hésité à te tuer Blanche, sois en certaine. Dans un sens, ta belle-mère, ton bourreau, t'as sauvé la vie. C'est triste, n'est-ce pas ?
Mais il fallait bien qu'un jour, je te l'annonce, Blanche. A vrai dire, ce n'est même pas pour toi que j'écris tout cela, mais bien pour moi. Pour faire un point sur ma vie, mon existence. Il me fallait un interlocuteur. Indirect. Alors, tu m'as servi à au moins soulager ce point de ma conscience qui était resté obscure. Ce mensonge qui a nourrit mon histoire et la tienne Blanche.
J'espère que tu prendras au moins le temps de lire cette lettre... Mais ne te force pas. Je ne suis même pas convaincu que cela compte. Je me moque bien de savoir si tu veux connaître. Vis ta vis, je vis la mienne à présent, bien que cela ne soit pas toujours facile. J'ai repris du boulot depuis, tu sais. Mais différement. Suite à mon amour éconduit par la Reine, je me suis calmé. Cette histoire m'aurait au moins servit à cela. A calmer mes actes, et leur violence. J'ai changé, encore. J'ai l'espoir de devenir quelqu'un finalement, quelque en soit les moyens. Et c'est tout. C'est tout ce que j'ai à dire, sur le récit de ma médiocre vie, sur cette lettre trop longue et dénuée de sens. Mais tu sais, écrire, ça me plaît. Mais je suppose que tu t'en moques.
Sur ce, j'achève ici cette lettre.
Cordialement,
Hunter Kenny Aliev, le chasseur.