Qui aurait cru qu'un simple mortel et son chien pourrait vivre ici, dans le grand nord ? Il était coupé de tout et pourtant il avait construit cette maison à la seule force de ses bras. A coups de hache, il avait débité bien des planches et 'était fait ce petit logis chaud et confortable. Puis il avait chassé, emplissant sa maison de douces fourrures. Enfin, il avait modelé chacun de ses objets dans la terre dure et glacée. Rien que pour cela, Xerxes était admiratif. Il avait toujours estimé les humains. Ceux-ci n'étaient ni aussi stupides si aussi dénués d'intérêt que la majorité des immortels semblaient le croire. Enfin, c'était ainsi que le chat avait choisi son champion du jour. Il tenait à l'opposer à un autre mortel courageux et intelligent, de le soumettre à des épreuves difficiles dont il ne reviendrait peut-être pas entier.
Xerxes s'était ainsi rendu devant cette maison et s'était présenté comme un simple chasseur en quête d'un peu de chaleur. Perplexe, l'humain - qui s'appelait donc Sam - l'avait laissé entrer et lui avait proposé un peu de thé. Oh, l'immortel ne serait plus seul très longtemps. Il avait fait courir une rumeur chez lui en espérant que tous ceux à l'esprit un peu, disons, noirci comprendraient. Quelqu'un finirait bien par le rejoindre pour se livrer à son petit jeu. Peut-être même amènerait-il son propre champion. Xerxes croqua dans un petit biscuit.

« Mes félicitations, Sam, vos biscuits sont excellents. »

L'homme, qui était encore jeune, acquiesça et flatta son chien. Inquiétude ? Xerxes esquissa un léger sourire. Ah, mais il ne fallait pas qu'il soit inquiet ! Il était le petit protégé de Dolos après tout... Ce n'est pas comme s'il avait quelque chose à craindre. Pris d'une subite inspiration, l'immortel reposa sa tasse et se pencha en avant, comme s'il allait faire des confidences à ce solitaire.

« Vous savez, je suis ce que vous appelez un dieu. Je suis également le Chat botté. »

Xerxes partit dans un grand rire en voyant la tête que tirait Sam. Le chien dût sentir le changement d'ambiance car son poil se hérissa sur sa nuque et il montra les dents.

« Mais ne vous en faites pas.. Je vous aime bien. Vous êtes particulièrement courageux pour un petit mortel. Je suis étonné qu'il en existe encore des comme vous au jour d'aujourd'hui. »

L'expression du jeune chasseur était claire à présent : mais il est complètement cinglé, lui... Le sourire de Xerxes redevint plus amical et il rattrapa sa tasse, comme si de rien n'était. L'avantage quand il disait la vérité, c'est que personne ne le croyait jamais. Tous se méfiaient et tout ça à cause de quoi ? Bah, juste parce que les mortels l'avaient catalogué comme le dieu des tromperies, de la ruse et compagnie. Super sympa de leur part. Enfin, ce n'était pas comme s'ils avaient tout à fait tort. Quelqu'un frappa à la porte ; le dieu se redressa d'un coup, un énième sourire naissant sur ses traits.

« Voilà la compagnie ! Oh, Sam... Juste un second immortel qui vient se joindre à la fête. »

D'un pas souple et presque félin, Xerxes gagna la porte et l'ouvrit en grand avec un vaste sourire. Il ne savait pas trop qui il allait trouver derrière. Si ça se trouvait, ce serait encore un dieu venu pour l'empêcher de faire ses éternelles conneries. Et pourtant...

« Bonjour, je suis Xerxes. Voici Sam, mon petit champion pour le jeu. Vous êtes...? Oh, tutoyons-nous, par pitié. Donc, tu es...? »

Okay alors là, il allait carrément passer pour celui qui était incapable de se la fermer... Mais en même temps, ne venait-il pas de balancer leur secret à un petit mortel sans importance ? Enfin.

Glen s’était juré d’arrêter de prendre cette forme alors qu’il n’était pas dans un endroit désert. Sauf que Glen ne tenait quasiment jamais les promesses qu’il se faisait à lui-même. Dommage, en prenant sa forme de loup, il avait fait paniquer la moitié d’un petit village de pêcheur, piétiné un enfant qui passait par là – le pauvre chou s’en remettrait bien, du moins, c’est ce qu’il pensait – et des hommes s’étaient lancés à la poursuite du « monstre ». Sauf que Glen n’avait franchement pas que ça à faire. Etre poursuivit c’était chouette quand on avait rien à faire hors, aujourd’hui ce n’était pas le cas, le grand méchant loup c’était trouvé une occupation sympathique avec un des siens. Par n des siens, Glen entendait être suprême, dieu, déesse bref, autre chose qu’un humain. Les hommes n’étaient pas assez rapides et Glen les sema assez vite. Quelque part, il regretta, jouer avec eux était quelque chose de marrant. On ne savait jamais comment un homme réagissait. Maintenant, il était dans un endroit complètement désert. Bon, son flair lui indiquait quelqu’un, quelque part par là bas, vivait seul, sans doute avec un animal domestique. Glen leva ses yeux de loup au ciel. Il haïssait les chiens domestiques. Ils étaient encore plus bêtes qu’à l’état sauvage. Il poussa un grognement avant de reprendre sa forme humaine. Oui, le fils de Loki avait toujours eu un mauvais contact avec les autres canins.

Il tapota sa poche et y trouva son instrument fétiche, se promettant de ne pas y toucher durant le jeu. Il était curieux de voir la tête de l’homme qui avait lancé cette rumeur tordu et surtout curieux de savoir s’il était le seul homme ignoble à avoir répondu à l’appel. « Mais Glen, tu es le meilleur, tu seras le seul… Personne ne mise à part toi et celui qui l’a lancé ne voudrait jouer à ça… Raah je suis si génial ! ». Il rigola à ses propres compliments et se mit à avancer dans la direction qui lui donnait l’impression d’être la bonne. Et ses intuitions étaient souvent bonnes. Il fini par la trouver, la maison. La seule maison à des kilomètres à la ronde. M’enfin, il fallait être drôlement insociable pour vivre là. Et tordu. Et courageux… Glen n’avait jamais comprit les hommes qui vivaient comme cela. Lui le faisait bien mais c’était différent. Lui c’était une pile électrique qui faisait faner tout ce qu’il touchait mais un homme… C’était juste un homme.

Il s’approcha à grand pas de la porte, sautillant presque sur le sol gelé. Il frappa deux petits coups secs à la porte et attendit que le propriétaire vienne lui ouvrir gentiment la porte. Elle s’ouvrit et un visage malicieux fit son apparition. Une personne qui lui présenta alors le propriétaire, Sam, et son chien. Champion pour le jeu ? Fallait voir ça. Glen fit ce qui ressemblait le plus à un sourire avant d’entrer et de refermer la porte.

Merry, appelez moi Merry.

Glen serait pour plus tard. Il aimait bien utiliser son deuxième prénom pour les affaires. Le premier étant pour les personnes plus intimes, plus proches. Peut être que l’homme en deviendrais un, il avait une tête de vainqueur.

Bien bien bien… Xerxes, enchanté. Et bonjour Sam. Je suppose que tu es comme moi ? Puis je savoir à qui j’ai à faire ?

Car il était toujours bon de savoir à quel dieu, quel personnage féerique on avait en face de sois. Glen aimait en avoir le cœur net et puis, cela pouvait éviter les gaffes.

Pour ma part, je me présente, Fenrir, fils de Loki. Les enfants me connaissent sous le nom du joueur de flûte. J’ai une préférence de côté-là de moi, je le trouve plus… disons chouette ?

Xerxes ne perdit pas son temps à savoir si le nouvel arrivant était sincère. Au fond, il s'en foutait royalement que Merry soit son véritable prénom ou une identité prise au hasard le temps d'un jeu. Tout ce qu'il voulait, c'était de quoi le nommer ; passer sa vie à dire « lui » ou « l'autre joueur » ou encore « mon camarade ».... Non, trop long. Conservant son grand sourire joueur, le petit immortel fit un pas sur le côté, laissant la possibilité à l'arrivant d'entrer. Sans crier gare, il s'élança vers Sam, son cher petit humain du moment, et lui tapota l'épaule. Le message était clair : Eh bien Sam, qu'attendez-vous pour faire une tasse de plus ! Le mortel ne se fit pas prier et abandonna un instant ses hôtes. Xerxes sourit de nouveau, content d'avoir l'opportunité de parler tranquillement avec Merry. Fenrir, fils de Loki, hein ? Euh bah honnêtement, ça ne lui disait pas grand chose. C'était sans doute idiot pour un dieu mais le petit chat n'était pas vraiment un mordu de mythologie, encore moins lorsque ce n'était pas celle à laquelle il était sensé appartenir. Enfin il voyait à peu près qui était Loki et Fenrir... C'était pas un loup, ça ? L'immortel aux cheveux noirs haussa vaguement les épaules.

« Aah, ce bon vieux Fenrir... Désolé, j'vois pas trop qui c'est. Mais ça tombe bien, on va pouvoir apprendre à se connaître, j'aime bien votre tête. »

Si Xerxes avait été une personne normale, Merry n'aurait peut-être pas figuré sur la liste des gens à qui il faisait immédiatement confiance. Pourtant, il savait reconnaître de compatriotes quand il en croisait et Merry en était un, c'était... Ainsi.

« J'appartiens à la mythologie grecque. Les gens me donnent le nom de Dolos mais honnêtement, ça ne sonne pas très bien. Puis bon, la ruse, la fourberie, la tromperie... Moi ? Jamais ! » Petit clin d’œil discret. « Et puis ilss'amusent aussi à dire que je suis le Chat Botté. Botté et non pas Potté, merci bien. Je ne suis pas une stupide créature rousse de dessin animé. »

Xerxes invita Merry à le rejoindre à la petite table en bois et y prit place lui-même, étendant ses jambes sur la chaise voisine. Le chien de Sam s'approcha pour les renifler les orteils mais brusquement les poils de son échine se hérissèrent et il se mit à aboyer.

« Oh, épargne-nous ton cinéma, stupide cabot... »

Xerxes tendit brusquement la main et la posa sur la tête du chien qui se tut soudain, ses muscles se contractant bizarrement. D'un coup de pied, l'immortel poussa l'animal sous la table.

« Euh, désolé si c'était ton cousin ou quoi... Il est juste inconscient. Enfin l'électricité, tu vois... Et puis les chats et les chiens... Bref. »

Préférant ne pas s'enfoncer davantage, Xerxes choisit d'en revenir au sujet de base : le jeu. Ou plutôt, le Jeu. L'immortel tapota la table du bout des doigts à toute allure, l'excitation toujours au rendez-vous. Il sourit de nouveau, se léchant machinalement les lèvres.

« Oui alors... J'imagine que si tu es là à te peler les cacahuètes, c'est que tu as entendu parler de mon petit jeu, hein ? Oh... merci Sam. » Totalement pris dans son excitation, il n'avait même pas entendu l'humain revenir. « Assis-toi donc avec nous. Le chien ? Dehors. Bref ! Le Jeu est simple : on enferme nos chers amis dans un labyrinthe, on y va aussi histoire de rire... Et on voit lequel sera le dernier ! »

Xerxes s'applaudit lui-même dans un petit geste et se lécha les lèvres de nouveau.

« Toujours partant ? »

Il aimait bien sa tête. Allons bon. C’était une bonne chose non ? Généralement, quand Glen lui-même aimait bien la tête des gens, il avait tendance à être plus… patient. Un grec ? Mouais. Glen et les Grecs, une longue et trépidante histoire d’amour. D’accord leurs mythes étaient pas mal ; mieux connu des simples humains mais bon, parfois il fallait avouer qu’ils se la jouaient un peu trop. Quoi que Dolos en lui disait pas grand grand-chose à vrai dire. Comme il le disait, ils allaient pouvoir apprendre à se connaitre. Le seul grec que Glen avait eu l’occasion de côtoyer quelques temps était Zeus, mais ce dernier ayant rejoint le monde des morts… Et le Chat Botté. Ca c’était une surprise. Gle avait entendu parler de ce compte fort intéressant, il avait également vu sa version en dessin animé qu’il trouvait… différente de la réalité.

Je comprends ton sentiment… je suis moi-même dans un de ses films nous parodiant et je ne le suis pas sous mon meilleur jour.

Quoi que, il se trouvait assez comique dans le dessin animé. Mais bon, ce n’était qu’un dessin animé, Glen se savait bien loin de l’image donné aux enfants. Il le regarda pousser le chien et eu un sourire amusé. Décidément, ces cousins… Ils étaient bêtes et soumis. Glen avait honte d’être de leur famille parfois. Il se demandait comment une espèce avait pu descendre aussi bas. L’homme expliqua alors les règles du jeu et Glen ne pu s’empêcher de voir la panique envahir le visage de Sam. Oh, le petit homme avait la trouille. Dommage, parce que le jeu plaisait beaucoup à Glen. Les jeux comme ça, il n’en avait pas fait depuis très très longtemps, et ce Chat Botté avait l’air d’être d’excellente compagnie pour ce genre de divertissement. Il se leva donc, et attrapa Sam par le col. D’une voix enjouée il s’écria :

Alors c’est partit ! Sam, je compte sur vous pour nous en mettre plein le vue, il articula bien les trois derniers mots, sourire moqueur à l’appui.

Il regarda Xerxes et lui fit signe d’approcher.

Montre nous donc le terrain de jeu très cher !

Si toutefois le mot « jeu » pouvait correspondre aux attentes de Sam. Lui, le pauvre mortel en devait pas voir ça d’un très bon œil. En réalité, il devait être mort de trouille à présent. Et s’il ne l’était pas encore ou pas assez, Glen y changerais quelque chose assez vite. Il avait toujours aimé que les gens le craignent, et encore plus les simples mortels.