Zeus est mort, il est décédé. Certes je ne pense pas que ce soit la première fois qu'on nous le dise,  vu tout le temps qu'il a passé sur Terre à diriger, mais cette fois je pense que c'est la bonne étant donné qu'on a vu le corps du foudroyant foudroyé mais aussi noyé...
Ce dernier a été sans doute exposé (même s'il était pas mal abîmé) pour nous prouver que c'était bien le vrai et non pas un sosie dérangé qui aurait permis à Zeus de partir en vacances plusieurs milliers d'années.
En apprenant la nouvelle de sa mort je fus choquée. Qui avait bien pu le tuer? Était-ce quelqu'un qui voulais se venger? Comment l'avait-il foudroyé avant de le faire tomber? Il y avait tant de questions à se poser. Enfin ce n'était pas vraiment ce qui m'ait passé en premier par la tête lorsque l'on me l'a annoncé. Je dois me confesser. Mes émotions étaient mélangées : tristesse mais aussi colère effrénées.
Colère car il était parti sans que jamais je n'ai pu me venger (il faut dire que je n'avait jusqu'à maintenant jamais eu une telle idée). Après tout c'est un peu sa faute si, de ma famille, je suis séparée; mais aussi que ma langue a été coupée...
Tristesse car malgré tout il n'avait avec moi jamais fait preuve de méchanceté. Ou est-ce que je ressens un espèce de syndrome de Stockholm comme beaucoup de kidnappés dû au fait que j'avais passé quelques années à ses côtés, et qu'il était un peu comme un geôlier...  

Enfin bref. Zeus est décédé. Et me voilà aujourd'hui assise sur ce canapé à finir mes phrases en « é » tellement je suis ennuyée (je ne vais tout de même pas dire que je me fais chier).
C'est assez étrange de se retrouver ici après tout ce temps passé. Heureusement qu'il y a ce canapé sinon je n'aurais pas su où aller, où me poser.
Je n'ai pas vu Héra, j'ai jusqu'à maintenant réussi à l'éviter. J'ai une immense peur de la croiser. Ce serait un cauchemar devenu réalité.
Bref revenons à ce canapé. Il est bien moelleux et ne donne qu'une envie : celle de s'y coucher.
Faut vraiment que j'arrête de parler toute seule dans ma tête et fini ces phrases en « é ». Je suis une grande fille alors pourquoi ne pas discuter avec une autre personne assise elle aussi sur ce grand canapé. Mais qui choisir? Par quelle personne commencer?

Zeus était mort. Définitivement. Enfin c'était ce que tout le monde semblait croire puisque le corps était exposé à la vue de tous, là, dans la salle même du banquet. Xerxes aurait bien aimé s'approcher d'un peu plus près pour l'examiner, voir s'il s'agissait bien du vrai et non pas d'un sosie... Mais vu l'état du corps - quoi qu'un peu rafistolé pour ne pas choquer les esprits les moins résistants - le chat aurait bien été incapable de le reconnaître. Il faut dire qu'il n'avait quasiment jamais vu la divinité en vrai, encore moins en mode zombie comme elle l'était ce soir. Xerxes avait passé le début de la soirée à réfléchir sur sa mort potentielle. Si un être tel que Zeus pouvait mourir ainsi, il ne devait pas être très difficile de le faire disparaître lui, petit chat chaussé de botte aussi connu comme étant le dieu des supercheries et tout ce qui allait avec. D'ailleurs, avec son caractère, maintes et maintes personnes avaient dû rêver de le voir partir pour les Enfers (ou ce qu'il y avait après la mort).

Si Xerxes était triste pour Zeus ? Non, pas vraiment. Comme dit auparavant, il n'avait jamais connu personnellement ce monsieur et n'en aurait a priori plus jamais l'occasion. Pourquoi être triste pour un inconnu ? Oh certes, il avait de la peine. Ça ne devait pas être facile de mourir après des millénaires d'existence. Il devait avoir des tonnes de proches qui pleureraient ce soir. Mais le chat ressentait plus de peine pour ces gens-là que pour le mort. Puisqu'il était mort, la vie n'avait plus grande importance. M'enfin, à force de réfléchir à la question, il s'était rendu compte qu'il s'ennuyait comme un rat mort (ou un Zeus mort vu le thème de la soirée). Sentant ses paupières se faire de plus en plus lourdes, il s'était finalement exilé sur un petit canapé incroyablement attirant et s'était recroquevillé, se fondant presque dans le décor. Quand Xerxes commençait à somnoler, les gens avaient la fâcheuse tendance à l'oublier. C'était un peu vexant d'une certaine façon mais il était au moins sûr de ne pas être importuné.

Baillant ostensiblement, le chat fit un effort pour rester éveiller et s'intéresser aux événements. Lentement, il regarda les quelques personnes qui s'ennuyaient tout autant, glandouillant à ses côtés sur ce merveilleux canapé. Là, une fille. Et là... Sans doute une autre fille. Des larmes de sommeil obscurcissaient sa vue, de toute façon.

« Palpitante, cette cérémonie, n'est-ce pas ? »

Xerxes bailla de nouveau, dévoilant ses canines pointues, et il se lécha les lèvres. Voilà qu'il commençait à avoir faim maintenant. Mais le confort du canapé et ses multiples coussins restait toutefois plus attrayant que le buffet là-bas. Trop de personnes étaient regroupées autour d'ailleurs et il préférait fuir le grand nombre.

« Enchanté, Xerxes. Vous aussi, vous aimez ce canapé ? »

J'avais dit cela sur un ton tellement joyeux et avec un tel immense sourire que je ne pense pas que c'était très approprié le jour d'un enterrement. Cependant, vu qu'ils ne devaient sans doute pas avoir un lien très important avec le défunt, je ne pense pas qu'ils m'en voudront.
Morgana et Xerxes. Voilà les noms qu'ils avaient présenté quelques instants plus tôt. Et maintenant que je m'étais tournée dans leur direction et que je voyais bien leur visage (enfin je les voyais pas de dos quoi) je me rendis compte qu'ils ... m'étaient inconnus, et quand je dis "inconnus", ça signifie TOTALEMENT inconnus. Jamais vus de ma vie.


La fille était vraiment très belle. Tandis que l'homme semblait avoir des liens du sang avec les félins. Etait-il né ainsi? Ce côté original venait-il d'un de ses parents en particulier? Malgré ses longues canines, je n'avait pour envie que de lui faire un gros calin comme je l'aurais fait à une peluche (ou au père noel!). Bien sûr je ne l'ai pas fait. Il m'aurait prise pour une folle!


En prononçant ces quelques mots, je fus attirée par le bracelet que portait la jeune femme. Il y avait deux ailes. Avait-il une signification particulière? Portait-il bonheur? Lui avait-il été offert par des proches?
C'est là que je me rendis compte qu'il y avait tellement de choses qu'on pourrait demander à des inconnus...
Je pense m'être faite prendre à regarder le bijou de Morgana. Mais je ne sais pas vraiment ce que signifiait l'expression sur son visage.

Xerxes eut un instant peur qu'on ne lui réponde pas. Au fond, l'identité des deux jeunes femmes ne lui importait pas tant que ça. Il avait très bien vécu jusqu'à aujourd'hui sans les connaître et s'il n'avait pas croisé leur route, il en serait peut-être allé de même pendant des siècles encore. M'enfin le jeune homme se serait senti sacrément vexé si les miss n'avaient pas daigné lui répondre. La première portait le nom de Morgana, la seconde Katie. Il adressa d'ailleurs un grand sourire à cette seconde demoiselle qui semblait elle aussi vraiment apprécié le canapé. Xerxes avait toujours été très changeant quand il s'agissait de juger les gens pour savoir s'il les appréciait ou non. Mais avoir les mêmes goûts que lui était assurément une bonne façon de s'attirer sa sympathie.

Bref, la fille en question, Katie, ramena bien vite la conversation sur le sujet du jour, à savoir la mort du grand Zeus. Il était vraiment au coeur de toutes les discussions celui-là. Et si ça semblait logique, ça ne manqua pas d'agacer Xerxes. Il dévisagea un instant les deux filles, content d'être en si charmante compagnie - car oui, il savait être sensible aux femmes - et choisit ses mots avec soin.

« Honnêtement, je ne l'avais jamais vu avant aujourd'hui et je ne l'aurais sans doute jamais rencontré s'il était resté en vie. Ça explique d'ailleurs ma sieste ici.»

Un homme portant des boissons passa rapidement devant eux et Xerxes l'intercepta. Il lui piqua l'un des verres sur le plateau et regarda le liquide d'un œil méfiant. Du coin de l'oeil, le jeune homme surprit Katie à fixer un bijou au poignet de Morgana.

« Très joli bracelet, miss. »

Autant lancer la conversation puisque Katie semblait intéressé. L'air de rien mais craignant une rebuffade, il attrapa le poignet de Morgana de manière à ce que les trois puissent voir correctement le bijou ailé. Un signe quelconque qui avait sans doute abouti à une légende plus ou moins grotesque chez les mortels ? Peut-être.

« On fait un jeu ? On pose des questions pour en savoir plus sur les deux autres ? »

Apparemment, ils étaient voués à s'ennuyer ensembles alors autant faire quelque chose de constructif. Xerxes ne se mêlait pas souvent aux autres mais ce serait une bonne occasion de faire connaissance. Il remettrait sa sieste à plus tard au pire.

© made by Islande

Katie vs Xerxes vs Bloom

Event 1

Le regard de la jeune femme passait sur toutes les personnes présente dans la salle, trouvant que certains sur jouaient leur réactions. Les banquets comme celui-ci, qui se finissaient mal, étaient souvent un théâtre rempli de mauvais acteur, ce qui avait l’art d’amuser la jeune femme. Pourquoi devait-elle s’en aller de la maison alors que tout allait être amusant dans quelques instants. Assise dans le canapé, elle n’allait rien faire d’autre que regarder la scène qui se déroulait sous ses yeux, pour son plus grand plaisir. Morgana se moquait bien que les autres lui parlent, se faire des liens avec les autres n’était pas une de ses grandes préoccupations. De plus, elle se pensait bien au-dessus d’eux, ce qui ne l’aidait pas à se faire des amis.  
La conversation avait finalement avait été engagée, simplement au début, pour connaitre le nom des personnes qui se trouvaient également sur le canapé. La conversation retomba directement sur le sujet omniprésent dans la villa. La mort de Zeus. L’autre femme assise sur le canapé avait l’air de le connaître, ça s’entendait au son de sa voix. Morgana n’en avait que faire, l’homme était un inconnus pour elle, tout comme pour l’autre personne présente sur le canapé.

>>Je ne le connaissais pas non plus, et vu son état, je n’aurais jamais la chance de le connaitre. Dommage
.
Quelle pointe d’ironie sur ce dernier mot. La blonde l’avait fait exprès, car au fond, elle n’en avait rien à faire. Il est vrai que connaitre des gens haut placé est un avantage pour elle, mais il devait y avoir d’autre personne de son rang sur l’île. Ce n’est pas ça qui faisait peur à la jeune fée.

L’autre blonde avait les yeux rivés sur le bracelet que Morgana portait à son poignet. Ce n’était pas le sien, mais celui de Bloom, l’autre propriétaire du corps. Morgana n’y était pas vraiment attaché, il ne représentait rien à ses yeux, ce qui était tout le contraire de Bloom. Ces deux ailes de fée représentaient son appartenance à ce petit peuple, et Bloom y tenait énormément.  Morgana le gardait à son poignet par habitude, elle oublie de l’enlever quand elle prend possession du corps, et donc il restait à son poignet.

>>Merci, c’est celui d’une amie.

Ensuite, le jeune homme proposa un jeu. La jeune femme n’était pas trop prompte à jouer, cependant, la journée pouvait encore être longue. Un sourire se dessina sur son visage, elle regarda alternativement ses deux comparses, pour finalement, chercher une question simple pour le début. Elle n’allait quand même pas leur montrer son mauvais caractère du début.

>>Je commence alors ! S’il ne vous restait qu’une heure à vivre, que feriez-vous ?

Finalement, Morgana n’avait peut-être pas choisi une question simple pour commencer, mais elle n’en avait rien à faire.

Parler... oui Katie avait pu parler...
Moins d'une heure lui avait dit l'homme qui lui avait offert la potion. Katie avait donc moins d'une heure avant de redevenir muette. Elle s'étais dite qu'en allant à la cérémonie, elle y verrait son voisin (qui n'était pas chez lui) et qu'elle pourrait lui parler (même si elle risquait d'être quand même invisible).
Elle avait chercher un certain temps le beau jeune homme mais ne l'avait pas trouvé.
Du coup, il devait lui rester encore un bon quart-d'heure avant que le mutisme ne réapparaisse. Il fallait qu'elle en profite au maximum car celui qui lui avait fournit le serum avait clairement insisté sur le fait que Katie ne le retrouverait sans doute jamais et donc qu'elle n'allait pas avoir de seconde chance...
Voilà pourquoi c'était si satisfaisant de pouvoir parler à ces personnes, même s'ils n'étaient que de simples inconnus.


Qu'est-ce que je ferais s'il me restait qu'une heure à vivre?
Je ferais tout pour que mon voisin me remarque enfin? Non je n'allais certainement pas répondre ça à des inconnus. Ils me prendraient pour une folle c'est sûr. C'est comme si je leur disais être muette mais qu'une potion me permettait de leur parler pour encore un bon quart d'heure. Oui je passerais pour une folle c'est certain! Direction immédiate un hôpital psychiatrique (quoi que je ne sais pas s'il y en a un sur l'île. Après tout, la plupart des habitants de BlueLeaf y vivraient car on est un peu tous tarés...).
Enfin bref, il faut trouver une réponse sincère à la question de Morgana.


J'espère qu'ils ne vont pas me trouver trop cucul. C'est davantage la réaction de Morgana qui me ferait peur que celle de Xerxes. La jeune femme parait tout de même plus froide que le jeune homme qui lui rend seulement une image de quelqu'un de joueur.


En prononçant cette phrase j'eues l'impression que la force de ma voix avait diminuée... comme si l'effet de la potion commençait à se dissiper petit à petit... Me reste-il vraiment encore un quart d'heure? Vais-je pouvoir finir de faire connaissance avec ces personnes?

Xerxes ne put s'empêcher de sourire. Qu'est-ce que des gens comme Morgana et lui fabriquaient ici ? Pourquoi se rendre à un banquet donné en l'honneur d'un mort... qui leur été totalement inconnu ? Alors certes, une divinité très importante était morte et eux, en tant que dieux, se devaient d'être présents. Mais franchement, les convenances, le jeune homme avait toujours fait sans et on ne le lui avait jamais reproché. Bref, le chat avait ensuite proposé un petit jeu : chacun leur tour, ils poseraient une question et les deux autres s'efforceraient d'y répondre en étant honnête. Oh, certes, ça ne servait pas à grand chose de faire connaissance puisqu'ils ne se reverraient sans doute pas, mais ça aurait le mérite de faire passer le temps. Et plus Xerxes engrangeait des connaissances et mieux il se portait. Selon lui, la phrase "le savoir, c'est le pouvoir" était bien trouvée. Enfin, il ne nourrissait pas de mauvaises intentions. Pas ce soir. Pas maintenant.

Morgana choisit de commencer et Xerxes haussa légèrement les sourcils en entendant la question. S'il ne lui restait qu'une heure à vivre ? Eh bien... Plusieurs réponses évidentes s'imposaient à lui. Mais Katie répondit avec lui et un nouveau sourire, moqueur cette fois-ci, lui fendit les lèvres. Il n'avait pas noté, pas encore, la faiblesse de la voix de la miss.

« Oh, c'est mignon... Mais tu mourrais en voyant directement ce que tu abandonnes. Et d'ailleurs, tu leurs imposerais l'épreuve de te voir partir. C'est cruel, je trouve, surtout s'ils tiennent un tant soit peu à toi. »

Xerxes pencha la tête sur le côté et planta son regard rieur dans le sien. Puis, tranquillement, il goûta le verre de vin qu'il avait emprunté quelques dizaines de secondes auparavant.

« Eh bien ça, ils savent recevoir ici ! »

Et lui ? Lui, il n'aurait jamais le temps de tout faire en une heure. Revoir des proches ne figureraient pas dans sa liste puisqu'il n'avait plus grand monde qui entrait dans la catégorie, ces derniers temps. Il ne chercherait pas non plus à se sauver, préférant ne pas gaspiller le temps qui lui restait dans une quête vaine. Quoi que... Ouais, non. Ah, Morgana lui posait une sacrée colle avec cette question loin d'être simple.

« Je m'adonnerais à mon activité préférée, je pense. » Réponse vague mais parfaitement juste. « Et toi, Morgana, que ferais-tu ? »

Il était véritablement curieux, cette fois-ci. Cette fille l'intriguait au plus haut point. Derrière cette impression d'inaccessibilité, il n'arrivait pas à deviner quel genre de nana se dissimulait. Enfin, c'était à lui de poser une question, maintenant. Se passant la langue sur les lèvres, il rassembla ses idées.

« A moi. Que pensez-vous des mortels ? »

Oui, ces simples humains qui ne vivaient que le temps d'un soupir avant de disparaître, qui s'inventaient des croyances à partir d'une petite histoire de rien du tout. Ces simples créatures éphémères qui dénaturaient des êtres réels sans voir ce qui se trouvait juste sous leur nez.

Cruel. C'est vrai que retourner au prêt des miens juste pour mourir pouvait paraître cruel. Je n'avais jusque là jamais pensé à ce que cela ferait à ma famille. Xerxes était sans doute quelqu'un de très bien, et dont les conseils sont à prendre en compte. Je me suis toujours dite que le fait de les avoir abandonnés sans laisser de trace avait dû être horrible pour eux. Mais peut-être que ça leur laissait l'espoir que j'ai une bonne vie...
Xerxes, lui, répondit qu'il « s'adonnerait à son activité favorite ». Oui mais c'est quoi son activité favorite?
Enfin bon, s'il avait vraiment voulu partager cela il l'aurait dite plus explicitement.
Morgana voulait,elle, « pourrir encore plus ce monde et laisser une trace derrière elle ».
« Je peux comprendre le fait de vouloir laisser une trace derrière soi, mais pourquoi en laisser une mauvaise? J'estime que ce sont ceux capables de laisser une trace ayant fait le bien qui sont les plus grandioses. On oublie trop souvent le nom de ces héros, alors si vous êtes un héro et qu'on retient votre nom ça fait de vous quelqu'un de spécial. Alors qu'on retient trop facilement le nom des mauvais. Du coup si on se souvient de vous pour des actes mauvais, certes on se rappellera de votre nom, mais il sera parmi tant d'autre que vous n'aurez pas une place spéciale. De plus, ce n'est pas parce qu'on se souvient de vous que l'on vous respecte... Enfin ce n'est que l'avis d'une simple fille que personne ne connait... »
Espérons qu'elle ne prenne pas trop mal mes paroles.
En tout cas j'étais bien décidée à laisser ma timidité de côté aujourd'hui et profiter de ma voix revenue même pour une si petite durée.

« Qu'est-ce que je pense des humains? A vrai dire pas grand chose. Je n'ai jamais vécu à leur côté. J'étais une sirène, puis j'ai directement vécu avec les dieux. Quand je vivais sous l'eau je passais tout mon temps à les envier eux, mais aussi toutes les créatures qui vivaient sur la terre ferme. Mais aujourd'hui l'océan me manque et je commence à ressentir un malaise avec cette vie en surface.
Tout ça pour dire qu'après les avoir tant envier, maintenant j'ai du mal à comprendre comment ils peuvent s'épanouir dans ce monde où règnent haine, douleur, désespoir,solitude, et j'en passe. Comment peut-on vouloir mettre au monde un enfant dans ce monde? N'est-ce pas égoïste? Devoir vivre toute sa longue vie dans l'espoir d'un petit peu de bonheur... Je ne comprends pas pourquoi les humains continuent à se reproduire alors que leur place dans le monde est … »

Pas de mots ne sortit de ma bouche. Était-ce moi qui perdais la voix? Ou juste l'émotion qui m'empêchait de continuer mon discours?

Xerxes s'était pris au jeu, c'était aussi simple que cela. Légèrement penché en avant, il regardait les deux filles avec attention. Apprendre, il adorait ça. Il aimait découvrir des choses, en savoir le plus possible sur chacun. Oh, peut-être qu'il ne reverrait jamais les deux demoiselles mais peu importait : le savoir, c'était le pouvoir, et Xerxes aimait tout contrôler. Il aimait avoir la certitude que rien d'imprévu ne pouvait le frapper. En revanche, le dernier acte de Morgana si elle n'avait plus qu'une heure à vivre le laissait profondément perplexe. Le chat n'était pas un saint, il en avait conscience. Il savait qu'il pouvait être le dernier des salauds et ça lui allait très bien. Rien de tel qu'un côté un peu intimidant pour repousser la majorité de ses problèmes. Mais il n'aurait pas mis « pourrir le monde » dans la liste de ses priorités si son temps lui était compté. Il était beaucoup trop égoïste pour cela. Non, lui il aurait pensé... Bah, à lui. Pourquoi songer à ceux qui vont rester bien vivant quand on sait qu'on ne saura plus là pour les voir ? D'ailleurs, Katie semblait trouver ça un peu bizarre elle aussi, même si ce n'était pas pour les mêmes raisons que le petit dieu.

« Voilà qui est curieux. Pourrir le monde, c'est bien, c'est marrant trois minutes. Sauf que si tu meurs juste après, quel intérêt que les gens se souviennent de toi ? Tu ne seras plus là de toute façon et honnêtement, on s'en fout, des autres, non ? Mais sans parler de mourir, tu casses ton terrain de jeu. C'est idiot de casser ses jouets puisque de toute évidence, ils ne servent plus à rien après. »

Un sourire provocateur étira les lèvres du jeune homme qui glissa les mains dans ses poches en gratifiant Morgana d'une œillade moqueuse. Ce qui amenait directement à la question suivante qu'il se chargea de poser : qu'est-ce que les deux demoiselles pensaient des humains ? Là encore, la réponse de Morgana le déçut un petit peu. Enfin, ce n'était pas la faute de la jeune femme, c'était simplement lui qui avait tendance à accorder trop de valeur à ce qui n'en avait peut-être pas tant que ça. Xerxes aimait les humains, vraiment. Il ne leur portait pas un amour similaire à celui qu'il avait pour ses semblables mais il avait compris depuis longtemps quel ennui guetter les êtres comme eux sans la présence de ces petites créatures mortelles et si géniales. Et Katie avait bien remarqué ce côté passionnant des humains, bien qu'elle le voit du côté négatif.

« Aah ! Vous êtes trop bizarres toutes les deux. »

Xerxes s'était levé d'un bon après son exclamation, manquant de renverser un petit papy qui sentait la mer. Nérée, peut-être ? Enfin peu importe.

« Haine, douleur, désespoir, solitude... C'est justement ça qui est génial avec eux ! » Xerxes fit un grand geste de la main pour illustrer ses paroles. « Sans ça, ils seraient trop parfaits, trop ennuyeux ! Plutôt que de les prendre en pitié ou de les regarder de haut, essayez de les manipuler, de jouer un peu. La vie est un jeu, c'est pour ça qu'elle est si classe ! Et c'est pour ça qu'il vaut mieux se montrer égoïste, en profiter à chaque instant. »

Là, il arborait clairement l'expression d'un illuminé, ses prunelles flamboyant tandis qu'il s'emballait.

« Et à côté de ça, ils continuent à pondre des mômes... Heureusement ! Sinon, ils ne vaudraient pas la peine qu'on s'intéresse à eux. Qu'un titan leur refile le feu ? Quel intérêt s'ils crèvent parce que c'est trop dur ? » Il fit une courte pause le temps de reprendre son souffle, raflant un verre de vin qui passait sur un plateau. « Sérieux, vous n'avez jamais pleuré ? Été toutes seules ? Vous n'avez jamais haït quelqu'un ? Impossible. »

A présent, il était étonné. Son éclat soudain le quitta et il se laissa mollement tomber sur le canapé, reniflant le vin avec soin.

"bizarre". Le mot de Xerxes fit une drôle d'impression à Katie. Etait-elle vraiment bizarre? Etait ce dû à sa solitude? Vivre retranchée chez soi ne peut jamais vraiment vous aider dans votre vie ! Son manque de vie sociable l'avait-elle rendu étrange au yeux des gens? Oui c'est fort possible...
Toutes ces années, Katie s'était coupée de la vie en communauté. Pour expliquer ce comportement elle avait pris l'habitude de se convaincre que c'était parce que toutes les autres personnes étaient mauvaises, mais aussi que son mutisme serait sans aucun doute un obstacle insurmontable. Pourtant elle avait fait récemment fait la connaissance de personnes qui semblaient profondément bonnes (comme son amie Sehen) et qui avaient su voir chez elle autre chose qu'une simple muette (comme l'a fait Kayden le vendeur de lapin). C'est pourquoi Xerxes venait de soulever ce qui est peut être le véritable problème chez elle : ce ne sont pas les autres les fautifs mais peut être tout simplement elle et sa "bizarrerie".
Et alors qu'elle était encore plongée dans ses pensées, elle vit Morgana se lever et partir. Elle ne s'attendait pas à cela.
Elle regarda Xerxes de façon assez hébétée. Et alors qu'elle voulut lui demander ce qui venait exactement de se passer, aucun son ne sortit de sa bouche. Elle avait beau essayer d'articuler, elle n'arrivait pas à former des mots. Elle était redevenue muette. Alors qu'elle venait de réaliser que le monde n'était sans doute pas si horrible que ça, son mutisme était revenu. Elle aurait pu essayer de faire comprendre au jeune homme ce qui se passait mais à quoi bon? Elle avait eu aujourd'hui une conversation avec deux inconnus. C'était pour elle un assez grand pas en avant. Mais ces deux personnes resteront toujours pour elle les dernières personnes à qui elle a parlé, et quand je dis parler je veux dire être capable de former des mots à partir de sons. Et la jeune femme ne voulait pas que ce jeune homme parte avec une image d'elle d'une muette. Elle voulait qu'il se souvienne d'elle comme d'une simple fille voilà tout.
Des larmes coulaient sur ses joues. Oui elle allait retourner dans son monde de mutisme, et non elle n'était pas encore prête à combattre la réelle cause de son isolement qui était elle même, ou du moins elle n'était pas prête aujourd'hui.
Katie se leva, essuya ses yeux d'un revers de manche et avant de partir elle fit une chose dont elle n'avait pas l'habitude. La jeune fille déposa sur la joue gauche du jeune homme un léger baiser. La sensation de ses lèvres sur la peau du jeune homme était étrange pour elle. Voilà des années qu'elle s'interdisait tout contact avec le monde extérieur, et dire qu'en un seul jour toutes ses convictions venaient d'être écrasées.
La jeune femme partit de la demeure où se tenait l'enterrement de Zeus plus pleine d'espoir qu'elle ne l'avait jamais été. Alors que Zeus était celui qui l'avait menée à son isolement, la mort de ce dieu allait peut être l'aider à se libérer, à s'ouvrir au monde extérieur.